Après 3 semaines à découvrir une partie de l’incroyable Rwanda, nous voici en train de traverser la frontière terrestre au sud du pays pour arriver en Tanzanie.
Un pays plein de surprises qui nous a émerveillé par sa beauté et ses habitants. Nous avions décidé de nous incruster dans un village Maasaï, nous n’imaginions pas y rester 5 jours ! Nous avons eu l’immense plaisir de rencontrer ce peuple fier qui nous a accueilli au delà de ce que l’on imaginait. Des moments inoubliables à dormir dans une hutte, à essayer d’apprendre des bases de la langue, à assister à des cérémonies qui n’arrivent que tous les 4 ans, à rencontrer des personnes inspirantes et touchantes… Nous ne ferons comme activités principales “que” le parc de Mahale, l’ascension du mont Merou, le parc Ngorongoro et quelques jours bonus à Zanzibar. Le transport a occupé environ 9j sur un mois… mais se déplacer c’est aussi voyager, n’est-ce pas ?? 

Le passage de la frontière terrestre est épique et pas du tout sexy, il y a plus de transferts de marchandises à ce niveau que de personnes ! Tout se passe sans accro après avoir payé notre visa à 50$. Nous prenons une voiture collégiale (9 pour 5 ;-)) pour un petit village proche frontière afin de se reposer et repartir le lendemain. Nous trouvons une petite chambre à 10 euros, et dédions un temps fou pour acheter une carte sim qui s’avérera inefficace. En nous baladant, nous pouvons déjà sentir l’atmosphère différente, difficile d’expliquer mais c’est un autre pays que tu sens. Très sec et très poussiéreux, ce qui contraste avec les terres vertes cultivées du Rwanda voisin. Ici pas de route en bitume, la plupart des plantes bordant la route sont totalement recouvertes de la terre rouge qui vole au passage des voitures. En se renseignant sur la Tanzanie, nous avons été surpris par le niveau de pauvreté du pays. Malgré les grosses rentrées touristiques le développement peine. 

Kigoma, à l’extrême ouest du pays

Plutôt que de remonter vers le lac Victoria que nous avons déjà approché en Ouganda, nous décidons plutôt de descendre à Kigoma, à l’extrême ouest du pays, où se trouvent deux parc reconnus pour les chimpanzés et leurs écosystèmes préservés. Nous prendrons donc la route le lendemain en bus ce qui fut un lonnnng trajet !! Les routes étant en construction, nous prenons un sacré bain de poussière et décidons finalement de nous arrêter dans une ville intermédiaire pour souffler un peu et se dépoussiérer ! Nous avons pris comme habitude un transport local où l’inconfort est à son paroxysme mais nous fait côtoyer la vie locale ;-). Un boda-boda nous propose un hôtel très bien quoiqu’un peu excentré. Le bus du lendemain étant en milieu d’après-midi, cela nous laisse le temps de se remotiver péniblement à faire un petit footing pour découvrir les environs…

Nous arriverons donc le lendemain à Kigoma, une ville qui se situe au bord du lac Tanganyika – le deuxième plus grand lac d’Afrique après le lac Victoria – qui est juste grand comme la Belgique !! Nous trouvons un très beau petit hôtel local sur une colline avec la nuit à 50000 shilling (20€). Il n’y a pas grand chose à faire à Kigoma si ce n’est aller dans les parcs de Mahale ou de Gombé (le plus connu) et prendre le train qui traverse le pays pour aller à Dar es es salam en 3 ou 4 jours.
Nous prendrons une journée pour se balader et préparer notre périple. La ville est très musulmane et les femmes voilées le sont souvent avec de belles couleurs vives et chatoyantes. Les gens sont très accueillants et souriants. Si le niveau d’anglais n’est pas là, nous nous essayons donc au Swahili ;-)! Jambo, Mambo, Habari, Salama !

Le Parc National de Mahale

Le Parc National de Gombe est mondialement connu grâce aux travaux de Jane Goodall sur une colonie de chimpanzés et reste encore aujourd’gui un centre de recherche important. Jane Goodall fut notamment la première à observer que les chimpanzés sont omnivores, qu’ils peuvent mener des guerres entre eux, et surtout qu’ils utilisent des outils pour s’alimenter ! De quoi révolutionner la conception de l’animal puisqu’à l’époque nous pensions que seuls les humains en étaient capables. Mais nous préférons aller au Parc National des monts Mahale qui est moins connu car beaucoup plus isolé, et qui abrite la plus grande colonie de chimpanzés du pays. Mais les 7h de transport en Matatu aller puis retours pour seulement 24h dans le Parc ne nous décourage pas ! Au contraire, l’accessibilité nous attire car cela peut être un signe de plus d’authenticité. Il se situe entre le forêt tropicale des monts Mahale (qui culminent à 2462M) et les eaux claires du lac Tanganyika dont les plages sont de sable blanc – deuxième lac africain par la surface après le lac Victoria, le deuxième au monde par la profondeur après le lac Baïkal

En voulant nous renseigner sur les horaires et lieu de départ du bus – ce qui a impliqué l’aide de pas mal de personnes qui se décarcassent pour pouvoir te répondre mais sans savoir – nous avons eu la chance de rencontrer le contrôleur de gestion du Parc qui nous a organisé le trajet gratuit et en 4×4 avec le responsable eau du Parc qui partait en même temps que nous… Nous n’avons pas regretté vu l’état de la route, 7h minimum en matatu auraient été horribles ! Nous arrivons tard, vers 18h à la porte du Park. Ce qui fait que le système de paiement était éteint, donc on a convenu de payer au moment de partir. Le Park n’est ensuite accessible que par une barque à moteur que nous prenons sous les rayons de la pleine lune. C’est une arrivée épique qui nous plaît beaucoup ! Le camp nous rappelle celui de Bornéo car il est perdu dans la jungle, sommaire mais confortable, avec une salle commune où nous pouvons cuisiner – car pas de resto ici! Il fait avoir fait ses courses avant. Nous sommes en pleine saison, mais il n’y a que nous, et ils n’ont pas eu de client depuis plusieurs jours, voir semaines… La plupart des gens qui viennent le font par avion privé et dorment dans des logements privés à quelques kilomètres de là où nous sommes – aux prix irréels…

Au petit matin, David se lève faire son petit stretching sur cette plage sortie tout droit de Jurrassic Park ou de King Kong. L’eau est d’une grande clarté, irréelle, dans le lac la visibilité est à 50m ! Mahale, ce sont des montagnes de forêts primaires. Il faut rester vigilant car des crocodiles géants habiteraient non loin, des hippopotames également ! Des serpents venimeux, ou très gros… et les rangers dorment encore… 😀 

Nous décollons vers 8h pour le Chimp Tracking avec notre guide. Au bout d’une bonne heure et après avoir suivi les cris que nous entendions au loin, nous trouvons la famille de chimpanzés. Nous passerons un moment bien plus chouette qu’à Kibale (Ouganda) car on est entouré par une famille de 13 chimpanzés où nous avons plusieurs moments d’observations. Ils passent plusieurs fois près de nous, nous les voyons jouer, se disputer, communiquer… c’est très vivant, et parfois impressionnant ! Car quand un grand chimpanzé mâle arrive vers toi en te regardant, tu détournes les yeux. Pas seulement parce qu’on te l’as fortement conseillé si tu veux éviter d’être fracassé car ce serait une provocation, mais parce que c’est impressionnant de tenir le regard d’un mâle imposant qui est chez lui. Nous pouvons ressentir toute la communication dont il sont capable à travers leurs yeux, leurs gestes… C’est fou comme la question du regard peut être inter-espèce, parce que l’on transmet tellement de choses avec. Ce fut un grand moment !!! Nous finirons ensuite notre journée par 4h de trekking afin d’avoir un magnifique panorama sur le lac et la forêt.

Nous serions bien restés plus longtemps, mais le budget est trop élevé ! On ne vous l’a pas dit ? Le prix du logement va encore, mais il faut payer le prix du Park pour chaque 24h, et la ça pique.
Bref, c’était une aventure à vivre malgré le temps que cela a pris et le budget alloué ! Et l’aventure ne s’arrête pas là…

Après le trek en forêt, nous devions dormir dans un petit village situé à 2h de là en boda, car il y a là bas le départ d’un bus pour Kigoma qui nous prendra la journée. Et nous devons impérativement être là bas le surlendemain car oui, pour une fois, on a réservé nos places dans un train. Cependant au moment de partir, il nous faut payer et le système de paiement déconne. Après une bonne heure d’attente, nous allons en bateau au petit aéroport où se trouve un autre terminal. Puis après une autre heure d’attente, ils nous disent que l’on doit rester pour la nuit au camp de rangers, car vraiment ça ne marche pas ! Ils nous offrirons bien entendu le gîte et le couvert. Et ils ne sont d’ailleurs pas si mal lotis que ça les rangers ;-)!
Le matin suivant, après encore un certain temps d’attente, nous parvenons enfin à payer. Et pour le désagrément, étant donné que nous n’avons pas pu aller prendre le bus voulu, nous avons négocié le retour en 4×4, du moins pour les 2/3 du trajet car nous avons fini en bus ;-). En tout cas nous recommandons fortement ce parc qui est un bijou de préservation vraiment authentique et intime même si ça fait un budget !

Le train

Avez-vous déjà pris le train en Afrique ? Une expérience à part entière qui peut stimuler ta pensée philosophique sur la maléabilité du temps 🙂 Parfois très long quand l’attente se fait pesante, parfois très court quand les rencontres s’y insèrent. C’est un voyage en soi qui t’oblige à lâcher prise sur les choses auxquelles tu ne peux rien, et cela favorise les rencontres. Nous devrions tous essayer 😉 Nous devions prendre le train à Kigoma pour aller à Tabora, avec un départ prévu à 8h du matin. Et il faut être présent 2h avant… La petite gare est déjà pleine à craquer, avec tout pleins de voyageurs et de familles assis partout.

Nous serons en avance d’1h. Mais il partira finalement… à minuit ! Non non vous ne rêvez pas 😉 Il aurait déraillé deux fois en venant mais ça arrive apparemment de temps en temps donc pas d’inquiétude… Le genre de moments dont on se souvient et qui devienne tes meilleurs ! Car c’est là, quand tu es assis par terre dans un hall de gare avec des centaines de personnes, que tu peux rentrer en contact avec les gens. Même si le contact peut être limité par la langue (quoique, merci google translate), il n’en reste pas moins chaleureux. Il y a beaucoup de familles, d’enfants qui attendent patiemment et s’organisent en conséquence. Au bout de quelques heures, on apprend qu’il devrait arriver vers 14h. Nous décidons alors de bouger pour attendre pas loin autour d’une bière face à la mer, pardon… le lac Tanganyika. Nous avons trouvé un hôtel avec plage, hyper agréable, où il est possible de chiller et de se baigner. Et en plus ses prix sont accessibles !

Après les 6 premières heures d’attente et la confirmation d’un autre décalage du départ cette fois-ci à 20h, nous retournons chiller sur notre petit bout de paradis. Il fait beau, et la baignade est possible 😉 Nous conseillons vraiment cet endroit, le xx xx. On a une connexion internet, on peut même se regarder un petit film. De retour à la gare à 20h, le train est toujours absent, mais il est proche nous dit-on. Nous changeons nos billets en train couchette car ce trajet qui normalement dure 8h, se transforme petit à petit en trajet de nuit… Grand bien nous a pris ! Nous sommes partis à minuit ! Et nous avons dormi correctement même si nous avons été réveillé à 8h par un petit jeune avec qui nous avions discuté et qui souhaite nous emmener au wagon bar pour le petit déjeuner. Seuls blancs dans le train, comme on aime, nous mangeons à côté d’une bande de tanzaniens qui sont déjà à la bière 😉

Nous arriverons finalement à destination à midi. L’ambiance dans le train est très locale, les paysages très secs et désertiques, mais les arrêts en campagne sont riches en couleurs grâce aux gens. En somme c’est une sacré expérience, mais vu la fiabilité, alors que nous comptions reprendre le train jusqu’à Dodoma la capitale, nous préférerons prendre le bus, bien plus rapide… Aucun Munzungu croisé alors que nous sommes en pleine saison, et c’est tant mieux ! Ce sera la même dans tout le voyage en Tanzanie où nous n’aurons jamais de mal à trouver un hôtel ni l’activité que l’on voudra… Il y a bien deux manières de voyager, une s’appelle le voyage, et une s’appelle le tourisme avec agence et qui coûte 3 fois plus cher pour les mêmes activités. Nous essayons de voyager un maximum.

Tabora et la capitale Dodoma

A Tabora il n’y a rien de particulier, nous nous promenons dans la ville et les marchés. David se fait tailler un short short africain et nous finirons la journée dans un pub local très sympa avec un super concert et la rencontre de Hilary, un business man dans les mines avec qui nous échangerons quelques mousses. Au départ partis à Tabora pour 2-3j, nous n’en ferons qu’un ! Ce sera quand même l’occasion pour David de se faire faire un short express afin de parfaire son look de backpacker stylé à l’africaine 🙂
Nous prenons un bus le lendemain pour Dodoma qui est la capitale administrative de la Tanzanie alors que Dar es Salam serait plutôt la capitale économique. Nous rencontrons dans le bus Eric qui est mannequin à Dar Es Salam. Il nous sortira dans les deux meilleurs bars de la ville de Dodoma ! Cela a été nos meilleurs moments car la ville de Dodoma ne regorge pas d’activités non plus… Le premier bar s’appelle le Rainbow : lumière tamisée, ambiance de pub, des écrans plats partout avec les clips et la musique à fond. Il y a beaucoup de monde. La musique est super, 100% africaine, avec beaucoup de morceaux et de clips tanzaniens d’excellentes qualités. Le son est fort, on remue un peu notre boule. Nous ne rentrerons pas tard mais le lendemain sera difficile pour David qui n’a bu que 3 pintes pourtant… Le lendemain, petite balade dans Dodoma et puis sieste avant de repartir pour le Pinadata XX. Encore un endroit branché mais sans être guindé. Eric est accompagné d’une amie à lui qui est ingénieur en génie civil et a fait ses études en Chine. Nous goûtons du vin rouge tanzanien qui est correct sans plus. La musique est moins forte ce qui nous permet d’échanger et de passer une soirée très chouette. Cette fois-ci boire un litre d’eau avant de dormir sera salvateur 😉

Arusha et l’ascension du mont Meru

Nous partirons le lendemain pour la célèbre ville d’Arusha dont nous avons entendu parler au Rwanda car il s’agit de la ville où les accords de paix entre le FPR et le gouvernement Rwandais avaient été signés mais sans être respectés, juste avant le génocide qui tua un million de personnes. C’est aussi là-bas qu’ont eu lieu les procès pour crime contre l’humanité des principaux responsables.
La gare de bus d’Arusha est bien typique de l’Afrique : bondée, des matatus et des bus dans tous les sens, des rabatteurs partout. Nous trouvons un hôtel local pas cher sur booking et passerons deux nuits là-bas. Nous passons la journée à nous balader et décidons de partir pour faire l’ascension du mont Meru, n volcan qui s’élève quand même à 4565m d’altitude ! C’est un peu le petit frère du Kilimanjaro ici. Nous serons au sommet pour l’anniversaire de David ! Pour faire cela, nous passons par l’agence Angose, dans le centre, qui nous fera payer 450$/pers qui est un bon prix âprement négocié, tout inclu : matériel (car nous n’avons rien, no chaussure, manteau, pantalon chaud, bonnet, sac de couchage…), nourriture, guide, 2 porteurs dont un cuisinier, et nous économisons un porteur supplémentaire en choisissant de porter nous même notre sac de vêtements/sac de couchage. Nous partons le lendemain même et rejoignons un groupe de Muzungus d’une dizaine de personnes qui ont aussi leurs guides.

Pour en faire l’ascension, 3 jours minimum sont nécessaires, avec 2 nuits en refuge à 2500m et 3600m d’altitude. Les deux premiers jours ne présentent pas de grosses difficultés, et les paysages donnent l’impression d’être dans un conte de fée : d’abord une clairière avec des animaux sauvages (nous apercevons de temps en temps des biches, des singes, des buffles..), puis une forêt dense et brumeuse avec une végétation toute particulière sur les arbres. Ils sont couverts de filaments de mousses, ce qui rend le paysage plutôt atypique. En arrivant au second camp cela devient plus sec, avec de petits arbres secs et une sorte de garrigue. Une fois arrivés au camp en début d’après-midi, et après une petite sieste, nous faisons un aller-retour au sommet du Little Meru, à 1h/1h30 du camp. Mais c’est sans compter que l’ascension du sommet du Meru se fait de nuit quelques heures plus tard !! Avec un départ après minuit pour arriver au sommet au mieux pour le lever du soleil, au pire dans la matinée. Puis la redescente totale s’enchaîne ce troisième jour, avec donc peu de sommeil à notre actif (à peine 4h nous concernant…) !

On aime les challenges, avec notre guide nous sommes les derniers à partir après 1h du matin. On carbure assez bien et 4h30 après, nous sommes les premiers arrivés là haut, 40mn avant le 2ème, et avant le lever du soleil !!! Pas peu fiers tonton David et tata Capucine, qui se sont bien caillés en haut, et qui sont arrivés à bout de force !!! (enfin, surtout Capucine qui était au bout de sa vie sur les derniers mètres, car David en avait encore sous le pied !). C’était difficile ! Mais qu’est ce que c’est beau là haut ! Nos deux guides sont encore frais comme des gardons, ils semblaient faire une balade du dimanche ! Nous avons eu droit au lever de soleil sur le Kilimandjaro et avec des panoramas d’un autre temps. Il n’y a pas de neige, c’est vertigineux. Après 1h de contemplation, on commence la descente car nous voudrions nous reposer un peu au refuge avant d’entamer la descente entière du Mont. Là, sous le soleil levant nous découvrons le paysage lunaire et rocailleux que nous avons traversé la nuit même… Ça aurait été dommage de rater ça, malheureusement nous n’avons plus de batterie de téléphone ni d’appareil photo pour vous montrer ! Nous avons aussi rencontré de chouettes personnes pendant ces 3 jours, entre expats, étudiants, touristes et voyageurs solos.

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