Après 3 semaines de séparation, nos retrouvailles se sont faites à la capitale. Chacun de notre côté, à 10J d’intervalle, nous avions visité Colombo avec TukItEasy (3h-4h de promenade guidée avec Olivier, un français qui habite depuis 3 ans à Colombo : top recommandation pour commencer le séjour !! https://www.facebook.com/TukItEasyColombo/). Nous y avons partagé un immense coup de cœur sur le superbe temple hindou en granite dénommé Shri Ponnambalawaneswaram Kovil (oui oui, dites-le d’une traite !) qui est un véritable lieu de vie où l’on peut se promener, observer, écouter, s’asseoir, discuter… Un lieu qui dégage une incroyable énergie !!!

Mais maintenant le voyage à deux commence, et nous prenons la route du sud !

Première expérience de train, de Colombo jusqu’à Matara, son terminus, soit 4h environ. Sans le savoir nous rentrons avec nos gros sacs dans la 3ème classe, la moins chère et la plus blindée. Après une certaine hésitation “passera, passera pas”, “on prend le prochain”, tu ne sais pas comment mais tu te retrouves dedans et ça passe !! (les parisiens des RER ont encore de la marge, oui oui mais je ne le leur souhaite pas !!). Il n’y avait que des sri lankais et beaucoup de sourires, tant des femmes (très minoritaires) que des hommes. On s’est quand même dit, au bout d’une bonne heure debout, en équilibre sur une jambe, sous les aisselles des uns, offrant les nôtres aux autres, que peut-être nous pourrions tenter de changer de wagons sachant que nous avions des billets en 2ème… Pour cela, il a fallu de la solidarité de la part de nos co-wagonneurs. Hé oui, essayez de traverser un wagon plein à craquer avec deux gros sacs de près de 60/70L ! Cela nous a pris deux stations pour sortir et rejoindre la 2ème classe qui a été une bouffée d’oxygène où nous avons passé encore 2h debout et 1h assis.

Aucun regret pour cette aventure épique dans un train longeant la mer avec des paysages côtiers qui nous ont donné un charmant aperçu de ce qui nous attendait !

Arrivés à Matara, nous avons rejoint pour deux nuits notre première petite pépite de famille d’hôtes dans le petit village de Dondra (prononcez “Dé-ondra”) qui se situe à la pointe la plus au sud du SriLanka, face à la mer, face à l’Antartique !! Malgré un lieu encore un peu abîmé par le tsunami de 2003, nous avions une superbe chambre donnant sur les cocotiers et la mer. Nous sommes accueillis par trois femmes et 4 enfants avec des sourires jusqu’aux oreilles! Notre hôte est une maman de 2 enfants, dont le mari est décédé d’un cancer 2 mois auparavant… Sa mère est présente, ainsi que les deux filles de Manjula, un voisin dont la femme est morte en couche il y a quelques années. Elles ne parlent quasiment pas anglais, et sont aidées dans le quotidien par Nawa, une jeune voisine et amie de 22 ans avec laquelle nous pouvons parler à peu près anglais. Celle-ci nous renseigne sur la difficulté de la vie pour eux, avec peu de travail et les impacts de cette mortalité élevée. Nawa et Manjula ont été nos interlocuteurs principaux grâce à leur niveau d’anglais, et parce que Manjula est un homme de réseau et très serviable.

Top recommandation pour dormir et partager des moments avec des locaux : Chambre d’hôte Matara-Dondra

 

Pour la seconde fois depuis notre arrivée au pays, nous entendons parler d’une personne qui s’est suicidée (une tante). A ce sujet, ce pays a le taux de suicide parmi les plus élevés du monde. Si les raisons d’un suicide sont multiples et complexes, cela nous a interpellé chez une population qui nous a été présentée comme étant très résiliente, à accepter la vie et les événements tels qu’ils arrivent, avec une philosophie majoritairement bouddhiste. Mais il est difficile de se faire une idée plus précise sur ces chiffres sans en savoir plus : sur la gestion de la santé mentale au Sri Lanka, sur leur rapport à la mort, sur le type de population touchée (âge, religion, ethnies…). D’autant que c’est un acte qui reste généralement tabou dans de nombreuses cultures (là notre y compris), et que la comparaison entre pays est à prendre avec parcimonie puisque la collecte des données diffère d’un pays à l’autre. Nous essayerons d’avoir quelques réponses…

A ce sujet, je vous transmets ci-dessous un article très intéressant de Courrier International sur la mondialisation de la psychiatrie. La santé est un concept culturel. L’expression, la description, la manifestation et l’interprétation d’un mal-être ou d’une maladie mentale diffère d’un pays à l’autre selon les codes culturels. Donc pour aider/accompagner une personne, il faut s’intéresser à son référentiel culturel et ne pas rester “ethno-centré” sur nos propres conceptions, car certains symptômes sont reconnus dans une culture mais ne le sont pas dans une autre, et la structuration de la langue ne permet pas de verbaliser les choses de la même manière. Cet article tente d’expliquer comment l’industrie pharmaceutique contribue largement à l’uniformisation des pathologies mentales à travers le monde : Comment-l-occident-exporte-ses-troubles-mentaux

Pour nous aider à communiquer nous mimons en exagérant nos expressions, nous avons un petit livre d’images, et surtout l’aide de google translate français => singhalais que nous venons de découvrir mais qui est largement perfectible. Les échanges avec nos hôtes sont parfois limités, parfois approfondis, parfois avec de drôles d”incompréhensions comme cette fois où nous n’arrivions pas à faire comprendre le mot “tisane”. Nous avons transformé le mot en “herbal tea”, puis “bed tea” ce qui les a bien fait rire sans que nous ne sachions pourquoi. Elles nous ont finalement ramenés un lait chaud comme on donne aux enfants pour bien dormir 😉

Cette famille nous a offert un accueil unique, très chaleureux et aux petits soins. Et c’est sans parler des talents de cuisinière de notre hôte avec une régalade à chaque repas !

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, nous sommes restés deux nuits de plus, ce qui nous a permis de faire chaque jour un peu plus connaissance avec cette grande famille si attachante.

Sadoni a 11 ans et fait de la danse. Nous n’avons pas pu avoir de démonstration si ce n’est une vidéo d’un spectacle, avec un très joli sari jaune. Cette jeune fille est étonnante dans ce qu’elle dégage car elle fait très mature, et elle n’a pas peur d’aller vers nous et d’interagir contrairement aux autres enfants qui se montrent plus timides. Tous les enfants vont à l’école qui est gratuite, habillés en uniforme blanc. Dès le plus jeune âge ils y apprennent des bases d’anglais. Le dimanche après-midi pendant 2/3 heures, les enfants bouddhistes vont à la Bouddhiste School pour apprendre l’histoire, et la philosophie bouddhiste avec un peu de méditation.

Manjula, le voisin, nous a permis de louer un tuk-tuk pour deux jours que David a conduit lui-même. Nous avons ainsi pu explorer la côte vers l’est et vers l’ouest en toute autonomie. Quel bonheur de pouvoir prendre les routes que l’ont croise au fil des envies et des paysages, et de s’arrêter à souhait à de magnifiques petites plages (près de Mirissa, à Koggala, ou encore vers Talalla et Tangalle). Malgré son expérience balinaise de conducteur de scooter, on peut dire que le tuk-tuk lui a donné du fil à retordre : nombreux calages, démarreur qui casse et Capucine devait pousser le tuk-tuk à chaque démarrage ;-), des ampoules sur la main de David pour le passage de vitesse d’un autre temps, un bouchon d’essence oublié, la vitre d’un phare écrasée contre un mur pendant un créneau, et la recherche d’un mécano de tuk-tuk… Pas simple la vie de tuk-tuk driver ! Le klaxon ne fonctionnait même pas ce qui nous a empêché de participer au cacophonique “tuk-tuk language” pour communiquer sur la route : deux ptits coups pour doubler, un ptit coup pour se signaler. Mais encore une fois la solidarité sri-lankaise a fait ses preuves, car à chaque galère, de nombreux passants et villageois se sont arrêtés pour nous aider, et toujours avec le sourire.  

Nous avons eu deux coups de coeur pour une petite plage de Mirissa en bord de jungle, presque déserte avec de jolies vagues, et pour le temple bouddhiste Weherahena Poorwarama Rajamaha Viharaya (oui oui, nous n’essayons plus de les prononcer) qui se trouve tout à côté de Matara. Ce lieu était hors du commun, rempli du sol au plafond de l’histoire de Bouddha racontée en image avec des dizaines de milliers d’images !!! Au dessus du temple, sur le toit terrasse, se trouve un immense et beau Bouddha que nous pouvons admirer au son de prières diffusées via des haut-parleurs. Est-ce que cette petite vidéo ne donne pas envie?

Le dernier soir, nous terminons en beauté le sud en accompagnant Nawa à une “engagement party” ou “wedding party” chez un voisin. Comprenez qu’il n’y a pas encore eu de mariage comme on peut l’entendre, civil ou religieux, avec signature. Cette fête hautement symbolique représente l’officialisation du couple, et les autorise (officiellement du moins) à avoir des relations intimes et vivre ensemble. Apparemment, l’ensemble des parents n’étaient pas en accord avec cette union puisqu’ils n’étaient pas tous présents…

A cette fête, les hommes étaient globalement d’un côté, à boire de l’alcool et manger, et les femmes de l’autre, à manger. D’autres voisins restaient vers le portail de la maison, à participer de loin en regardant et buvant un peu. Un DJ kitchissime mettait le son accompagné de ses grosses baffles et lumières sorties de nulle part. Tout le monde nous regardait. Dès 21h, passés les premiers instants gênants et d’observations mutuelles, nous étions dans la cours en train de nous déhancher sur des musiques anglaises (sûrement mises pour nous je pense puisque quand nous sommes partis, nous entendions de la musique sri-lankaise).

Un des invités nous a fortement incité à commencer à danser, alors que personne ne s’était lancé. Nous y sommes allés, mais uniquement lorsqu’il a accepté de nous accompagner. Les enfants puis, quelques femmes nous ont rejoints, ça y’est la soirée était lancée ! Tout en amenant de temps en temps à boire et à manger sur la piste à Capucine, on lui a plusieurs fois demandé de danser avec les femmes, une manière de dire qu’elles dansent plutôt entre elles. Nawa était très attentive à notre confort et bien-être. Nous avons pu découvrir ses talents de danseuses quand elle s’est lâchée telle Queen B avec sa superbe robe de fête bleue ! Nous avons bien entendu profité de l’occasion pour faire quelques pas de WestCoastSwing ce qui nous a fait le plus grand bien et a été apprécié par les convives.

Nous sommes rentrés assez tôt puisque nous devions partir au petit matin ( 4h30), avec Manjula comme chauffeur de tuk-tuk, pour visiter le parc national d’Udalawala et ses animaux sauvages : éléphants, buffles, oiseaux en tout genre, crocodiles, biches locales, et parfois certains voient des léopards… Mais nous n’avons pas eu cette chance ;-( Nous avons arpenté le parc durant 4 heures, à bord d’une jeep où nous étions seuls. Comptez 30€ pour la jeep et 25€/pers le parc.

Ensuite nous sommes aller visiter la nurserie pour éléphanteaux, des orphelins qui seront ensuite réintroduis à la vie sauvage. Rien de fou si ce n’est qu’il est rigolo de voir les petits éléphants se chamailler et interagir ensemble. Le musée est riche d’informations et nous avons appris pleins de choses sur les éléphants et leur capacités intellectuelle et surtout émotionnelle. Saviez-vous par exemple qu’à part un être humain, seuls le chien et l’éléphant comprennent spontanément que lorsque l’on pointe du doigt dans une direction, il faut regarder non pas le doigt mais la direction ???!!!! Pour les autres, s’ils peuvent le faire, cela relève de l’apprentissage et ce n’est donc pas inné.

En nous dirigeant en bus un peu plus vers le nord, à Haputale, nous nous rendons compte que nous avons oublié une carte bancaire sur une escale du matin avant le parc. Nous faisons demi-tour, pour retrouver le distributeur en question mais les banques sont aujourd’hui fermées car c’est la fête nationale de l’indépendance… On appelle un numéro de banque, on se dirige vers un commissariat, on apprend que l’on doit attendre deux jours avant d’en savoir plus. Finalement, nous avons raté le bus que nous souhaitions récupérer pour Haputale, donc nous faisons escale une nuit improvisée à Tangalle pour remonter le lendemain vers le nord. Pour nous consoler nous prenons une chambre dans un hôtel chouette avec piscine (mais 22€ avec petit déj, faut pas craquer non plus ;-))

Deux jours plus tard, grâce à la mobilisation de Manjula et d’un policier, nous saurons que la carte a bien été retrouvée dans le distributeur, et que nous pourrons la récupérer. Mais le chemin est long pour y retourner… Après des minutes interminables au téléphone à essayer de se faire comprendre, nous parvenons à faire en sorte que la banque nous envoie la carte dans une ville où nous ferons escale quelques jours après, Kandy.

OUF ! Merci à la flexibilité sri lankaise !!

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