Sur la route de Ha Giang, escale à Sa Pa

Après avoir facilement passé la frontière Laos-Vietnam au niveau de Dien Bien Phu, nous prendrons le bus de nuit à 19h qui nous amènera à Sa Pa vers 4h. Nous ne passerons qu’une journée préférant rejoindre rapidement Ha-Giang qui est moins fréquentée et enchaîner sur la boucle de 4 jours en motorbike.

Nous atterrissons à dans une partie non touristique de la ville qui est grande, et nous croisons énormément d’ethnies dans la rue. C’est très sympa de voir autant de personnes vestimentairement si différentes. Il y a un grand marché qui vend de tout (jusqu’à la viande de chien mais nous ne l’avons pas vu…). Au début nous ne comprenons pas pourquoi Sa Pa est considérée comme touristique jusqu’à ce que nous faisions un tour en scooter qui nous fait passer par les quartiers vraiment touristiques. Cela ressemble parfois à une station de montagne française avec les magasins de matos de montagne et de froid de grandes marques. De fait, le trek est une des activités principales à partir de cette ville, pour aller à la rencontre des villages ethniques des alentours. Mais nous souhaitons nous reposer cette fois ci et nous n’avons qu’un jour, d’où le choix de la balade parfaite en scooter pour voir les paysages de rizières qui font la réputation de la ville!

Nous nous éloignons donc de la ville et nous tombons sur un marché tenu par différentes ethnies de la région qui vendent principalement vêtements et bijoux. Capucine craque à vouloir s’acheter un habit traditionnel Hmong qu’il faudra qu’elle assume en France au mariage de son frère… Sur le moment cela lui semblait facile de le remettre, mais moins après coup…! Car si ici on s’habitue à voir les femmes habillées comme ça, cela devient très très folklorique chez nous. Pas de regret pour un essayage plein de rigolades avec les vendeuses Hmong. Ce marché se trouve juste à côté d’une des attractions du coin, le téléphérique (merci les chinois !) qui permet d’aller jusqu’au sommet de la plus haute montagne du Vietnam qui est le Mont Fansipan. Ce n’est pas notre objectif mais faire cette ascension en trek doit vraiment être sympa.
Ensuite nous avons pu admirer les superbes étendues de rizières qui s’étalent sur certaines vallées. Les femmes ici sont globalement très petites, les hommes aussi. Et celles que nous croisons savent être insistantes tout en douceur pour nous vendre des bracelets 😉 David n’a pas pu résister à leurs charmes…

En route pour Ha Giang

Le soir, après un repas énorme de poissons crus et de soupe pris en 15mn chrono (nous ne nous sommes apparemment pas compris lors de la commande ;-)), nous prenons un bus couchette de nuit pour arriver à Ha Giang vers 4 am après 8h30 de trajet. Comme à notre habitude nous n’avons pas réservé de chambre (c’est aussi le cas d’autres voyageurs), le conducteur nous permet de rester dans son bus jusqu’à 6h. Sympa ! Ensuite il nous propose de poser nos affaires et finir la nuit gratuitement dans le dortoir d’une petite auberge de jeunesse. sympa encore ! L’auberge propose de louer scooters et motos pour pouvoir faire la loop dans le nord du pays, avec conseils et recommandations pour le parcours et les logements, top ! Nous décidons de le faire en 4J-3N ce qui semble être le minimum pour faire la boucle sans trop courir (qui fait quand même plus de 300km à deux roues). Nous ne prenons qu’un seul de nos sacs avec le minimum dedans et laissons le reste l’auberge. Eh oui, globalement en Asie du Sud il est facile de donner sa confiance aux gens sans craindre le vol. David décide de se passer de sa polaire car effectivement nous n’en avons pas eu besoin jusqu’à présent…

Day 1 : Ha Giang – Xa Quan Ba

Le premier jour nous faisons Ha Giang – Xa Quan Ba soit environ 60 km, selon les détours que l’on fait. Les routes sont bien sublimes, on croise peu de monde. Le pied! Nous prenons notre nuit dans un magnifique village de l’ethnie Dzao. Notre familly homestay est top, nous sentons qu’ils ont l’habitude de recevoir par leur attitude et leur accueil, et malgré un petit anglais. Ils sont très accueillants et très souriants, et même si parfois c’est un peu surjoué, ils semblent avoir un réel plaisir à nous accueillir. Nous mangeons tous ensemble, nos hôtes ainsi que les quelques autres touristes : le couple d’hôtes avec une de leur fille et un ami à eux, deux autres français ainsi que deux allemands (d’origine russe). Nos hôtes prennent beaucoup de plaisir à nous arroser le gosier d’alcool de riz. Comme d’habitude en maison d’hôte le repas est super bon, et se termine par la proposition d’un bang au tabac car au Vietnam le bang est monnaie courante notamment chez les hommes pour fumer le tabac.

Day 2 : Xa Quan Ba – Dong Van

Le lendemain nous attaquons la deuxième partie de notre loop avec le trajet Xa Quan Ba – Dong Van soit environ 100 km sans faire le détour vers l’extrême nord pour voir le Flag Point. Nous l’aurions probablement fait si nous n’avions pas eu des fortes pluies nous obligeants à faire une pause pour nous abriter au hasard chez un particulier (et nous voulions arriver avant la nuit). C’est en fin de matinée que nous nous sommes abrités sous un toit. Nous saluons le propriétaire qui vit juste à côté dans un simple espace ayant deux couchettes (sans matelas), un évier (en pierre?) et de quoi cuisiner (un cuit vapeur? pour le riz et deux plaques chauffantes), et une petite table avec quelques tabourets en plastique. C’est très très simple. Quand il nous voit arriver avec nos grands impers il nous propose ses tabourets pour s’asseoir sous le préau (où se trouve une table de billard). La pluie s’éternisant, il nous invite à rentrer chez lui et partager un moment, puis un repas, avec lui et un ami. Nous sommes d’abord gênés et refusons mais l’invitation est tellement naturelle que nous finissons par accepter. Une troisième personne (un voisin) nous rejoint aussi, sourd, tactile (ce qui se retrouve facilement chez les sourds), et parfois quand même un poil insistant et en recherche de contact avec Capucine… Mais ce repas a été vraiment chouette et fait partie de ces petits moments imprévus que nous recherchons qui ponctuent et embellissent notre voyage.

Nous reprenons la route un peu glacés par le temps frais que nous n’avions pas anticipé – David n’avait pas pris sa polaire et il a fini totalement frigorifié, l’altitude n’ayant pas aidée. Si le temps est un peu gris et changeant, cela n’a rien enlevé à la beauté des paysages de montagnes traversés. La route pour Don Van est réellement superbe, avec des paysages absolument uniques. Les habitants que nous croisons ont l’air de travailler dur, sans parler de la rudesse du temps montagneux. Vraiment c’est à faire. Don Van est également une ville qui vaut le détour, mais c’est une grande ville. Il y a notamment un très grand marché qui réuni toutes les ethnies et habitants des environs (et il y en a beaucoup!!) qui viennent vendre et acheter leurs produits (des fruits et légumes aux habits en passant par les animaux). Cela vaut vraiment le détour, et c’est bien mieux et moins touristique que Sa Pa ! Et nous avons trouvé une veste très chaude pour David, veste qui depuis nous encombre beaucoup le sac… 

Seul hic pour la petite âme sensible et occidentale que je suis (Capucine), c’est la manière dont sont traitées les bêtes sur le marché, littéralement comme des produits de consommation (qu’ils sont puisqu’ils sont destinés à être mangé ben oui…). Que ce soient les cochons, les chiens, les boeufs ou les poules cela m’est difficile de supporter la manière dont ils sont traités et qui est pourtant bien moins maltraitante que ce que l’on peut voir à grande échelle dans nos industries animales…. mais parfois quand on en fait l’expérience directe, cela amène un peu plus à questionner sa consommation de viande, et la mienne était déjà bien réduite en raison des aspects environnementaux de l’élevage animal. En effet, quand on ajoute les 14,5% des émissions totale à effet de serres attribués à l’élevage, (soit peu plus que les transports), dont le méthane notamment via les bovins (50% des émissions totales). Cela nous fait selon le GIEC 4,5 milliards de tonnes d’équivalent CO2 pour la consommation de bœuf et de lait… alors on change?

A cela se rajoute la forte consommation d’eau pour entretenir les terres agricoles destinées à nourrir les animaux via le blé et les céréales en monoculture, la pollution de l’eau induite par le nitrate et les phosphores présents dans les fumiers et lisiers rejetés, sans parler des pesticides, la déforestation car 70% des terres à usage agricole dans le monde sont destinées aux animaux ou à la production de leur alimentation (63% de la déforestation en Amazonie est vouée à cet usage)… Cela en fait des raisons de ne plus manger de viande !

Donc oui, à tout cela s’ajoute pour moi de plus en plus l’éthique animale avec la conscience de la souffrance animale. Il y a bien sûr à grande échelle les élevages et les abattoires intensifs et de masse des industries qui sont de vraies camps de concentration pour animaux. Déjà cet aspect déviant de notre système de consommation m’amenait à réduire et préférer la qualité à la quantité des viandes achetées (respect de l’animal, petites productions). Mais même à petite échelle j’ai eu mal au coeur de voir tout ces animaux traités ainsi. Littéralement comme des animaux, avec l’orientation péjorative que cette expression induit. Tout le monde n’y est pas sensible et je suis bien d’accord que la Nature a sa part de violence. Pour manger des bêtes il ne faut pas d’état d’âme, je ne souhaite pas blâmer les plus carnassiers d’entre vous qui sont sûrement bien plus pragmatiques que moi. C’est très personnel, je supporte de moins en moins de voir un animal enfermé ou attaché, des volailles aux poissons (mais si ceux ci sont silencieux à nos oreilles), en passant par les cochons et les boeufs. Donc, autant que possible je tenterai de manger végétarien. Et voilà !
Pour info, une petite vidéo du monde.fr que nous avons trouvé sur un petit lien qui résume très bien tout cela : https://www.viande.info/

Day 3 : Don Van – Duong Thurong

Le troisième jour de notre loop a été tout aussi fantastique que le deuxième, malgré le temps plutôt changeant mais satisfaisant. Depuis Don Van, nous sommes allés jusqu’à Duong Thurong, la dernière étape. En chemin nous cherchons quand même à réparer notre moto dont les freins dysfonctionnent depuis la veille (oui de temps en temps, en pleine descente, ils ne fonctionnent plus, rien que ca ;-)) Nous avions déjà voulu le faire lors de notre escale à Don Van mais sans succès, le technicien n’ayant pas voulu (ou pu ?!) le réparer ! Nous trouvons un super petit mécano qui en plus nous indiquera un petit restaurant des plus sympathiques. Le soir, après une journée de paysages fantasmagoriquement sublimes, nous nous sommes retrouvés dans une maison d’hôte récente tenue par une petite famille avec un bébé. L’endroit est vraiment joli et plein de charme, ils ont fait du beau boulot, et la famille est très simple, très acueillante et attachante 🙂 Nous les recommandons sans hésitations! Et le repas tous ensemble avec encore une fois l’ensemble des invités a été très bon et très convivial. Nous devions être une douzaine assis par terre autour des plats et encore plusieurs verres de Lao lao même si David et moi étant très raisonnables sur les alcools forts (si si) et nous les évitions poliment….

Day 4 : retour à Ha Giang et départ pour Hanoï

La dernière partie de notre loop est moins spectaculaire que les deux précédentes mais très sympa quand même, malgré la pluie, en doudoune et imperméable (pour couper du vent)…

La loop est un “must to do” du nord Vietnam, les paysages sont irréels, vous rencontrez des ethnies et des cultures encore préservées de notre monde occidental, c’est juste inratable !

Le soir même nous avons un bus de nuit pour partir sur Hanoï, ville où nous devrons prendre un avion pour quitter le pays en ayant passé une journée et une nuit ce qui n’est pas suffisant car le centre ville d’Hanoï a beaucoup de charme et vaut la peine selon nous d’y passer plus de temps !!! Nous y avons retrouvés Paul et Cindy, nos anciens compagnons de trek du Myanmar qui faisaient également escale dans la ville avant de rejoindre le nord où nous étions. Il y a beaucoup d’animation à Hanoï, et nous avons même eu l’occasion d’y faire un cours de lindy hop, l’occasion de se dégourdir les pattes et de faire connaissance avec une communauté de danse d’ici !! Sur un mode plus touristique nous recommandons aussi le musée des femmes vietnamiennes, très instructif pour la culture vietnamienne et sur l’histoire récente du pays, c’est vraiment top top top !!

Après ces bons moments, nous quittons le pays pour aller en Malaisie. Notre avion fait une escale à Bangkok (Vietnam), nous en profitons pour passer la soirée et la nuit chez Guigui, un vieil ami de David qui s’est installé ici il y a des années et qui nous a concocté un repas étoilé avec (doit-on le dire ??) une grosse côte de boeuf…. du gratin, du fromage et.. du bon vin rouge 😉 De quoi se rebooster avant de nous envoler pour Kota Kinabalu, Malaisie.    

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